Aux "agheu agheu" tant attendus vont succéder des gazouillis plus élaborés dont les tonalités vont moduler en fonction de ce que veut exprimer bébé. Vient ensuite le babillage puis l'apparition des premiers sons syllabiques et des "Pa-pa", "Ma-ma" qui vous combleront de joie.
Le gazouillis a une signification phonétique et affective. Il traduit un état de satisfaction et témoigne de l'acquisition de différents phonèmes. Les voyelles sont acquises en premier, vers 8 semaines ("a", "e" et "ou"). Entre 12 et 16 semaines, l'enfant tient , à sa manière, de grandes conversations avec sa mère. A 4 mois, l'enfant commence à varier ses vocalises. A 5 mois, il est de plus en plus intéressé par les intonations des différentes voix qui l'entourent. Vers 20 semaines, il prononce le célèbre "ah reuh" ! A 28 semaines, il dit "ba", "ca" et pleure en faisant "mm". Tous les nourrissons du monde gazouillent de la même manière : c'est un langage international !
Le babillage : un langage universel
Etape suivante, le babil, qui varie en fonction de la langue maternelle. Ainsi, à titre d’exemple, le dialecte cantonais (dialecte chinois parlé au Guangdong et au Guangxi) implique une plus forte tension de la voix dans la production des sons aigus.
L’apprentissage du babil passe par la perte de potentialités innées.
Certaines capacités linguistiques, "dons de l’enfance universels", décroissent en effet avec l'âge. Dans un premier temps, les jeunes enfants peuvent communiquer - par gazouillis - avec n'importe quelle communauté verbale. Même les bébés sourds ont, jusqu'à l’âge de 4 ou 5 mois, les mêmes types de production vocale. Elles cessent à l'âge où commence le babillage chez les enfants entendants.
Vers 6 mois, les enfants contrôlent leur respiration et utiliser leur activité respiratoire et laryngienne pour produire des schémas phonatoires. Ils varient l’intonation, la dynamique et la durée des productions sonores. La maîtrise des mouvements fins de la langue et des lèvres permet l'articulation précise des syllabes. Cette technique s'acquiert progressivement.
Au commencement est la syllabe. Les sons syllabiques, très différents des gazouillis, apparaissent vers 6 mois. Ils sont répétés sans arrêt. La syllabe est ensuite doublée par l’enfant ("baba", "dada", "caca"…) et reprise par l'entourage. Ainsi naît le "premier mot", généralement "papa". Dans toutes les langues du monde, la dénomination du père vient d'une syllabe facile ("baa" en arabe, "pa" en chinois, etc.) qui prend sens vers 44 semaines
Comme l'explique Danielle Rapoport, ce n'est pas l'enfant qui va donner du sens à ce premier mot : ce sont les parents et l'entourage qui le rattachent à un objet. Le langage devient alors symbolique. C'est un phénomène induit :
"La répétition est la voie d'accès royale à la langue. S'il existe des phénomènes universels, ce sont bien ceux des phonèmes, de la vocalisation et de la répétition. Ce qui n'a rien d'universel, c'est le sens qu'on va mettre sur ces phonèmes que l'enfant répète ; ce sens étant propre à chaque famille. Les vocalises d'un bébé sont influencées par les sons qu'il a perçus intra-utero. En fonction de ce que son oreille a déjà entendu, le nouveau-né a déjà sélectionné certains phonèmes. Il est déjà imprégné de la musique de la langue maternelle.
Mais il est loin de la conquête du sens : il parle encore une langue commune à tous les bébés du monde, celle de la vocalisation. Le mythe de la Tour de Babel vient de là. Il se réfère à l'âge d'or d'une humanité qui ne connaissait qu'une langue".