Parler de langage avant quatre mois peut apparaître comme excessif. L'enfant découvre sa faculté d'émettre des sons. A mesure qu'il s'essaie à différentes vocalises, bébé exprime des besoins, des désirs, des peurs et des douleurs. Autant d'expressions que les parents découvrent spontanément.
Le langage est l'un des moyens de communication les plus répandus. Il est fondé sur une activité symbolique. En effet, on parle et on apprend à parler parce qu'on a besoin de communiquer.
Une acquisition plus complexe
Le développement du langage est très complexe. Parler nécessite le contrôle et la coordination de mouvements agissant sur l'air contenu dans les tractus respiratoire et vocal. Ces mouvements modifient le trajet de l'air contenu dans les poumons, le pharynx, le nez et la bouche de façon à produire les configurations articulatoires permettant l'émission du son désiré. Chaque seconde de production nécessite plusieurs centaines d'événements neuromusculaires.
L’apprentissage est double. D'une part interviennent des capacités de programmation de la séquence des gestes articulatoires, gestes associés aux segments particuliers de la parole. D’autre part, le contrôle de ces gestes, de leur coordination et de leur organisation temporelle doit se mettre en place. L'influence des parents, des structures d’encadrement (crèche et école maternelle) et de l’environnement est véritablement déterminante.
C’est dans ce contexte que l’enfant apprend alors à communiquer oralement et sur un mode non verbal, bien antérieur à l'apparition du langage.
Au fur et à mesure que le nourrisson grandit, différents "niveaux de langage" se succèdent et se combinent.
Ce sont les premiers moyens d'expression du nouveau-né. Prémices du langage, ces bruits constituent un appel et une première ébauche d'échange. L'enfant expérimente l’émission de sons qui suscitent une réponse appropriée de l'entourage. L'intonation du cri est variée et la mère distingue très tôt les cris de colère, de fatigue, de douleur, de faim et de joie de son bébé. Elle donne à ces cris la réponse qui convient.
Les pleurs sont pour le bébé le moyen le plus sûr d’obtenir de l'aide. Ils inquiètent la mère et la font venir rapidement.
Cette réaction réflexe survient lors de situations de malaise que l'enfant ne peut pas contrôler seul. Il ne s'agit donc pas encore de pleurs intentionnels. La signification des pleurs peut toutefois être très différente selon les cas. Le volume, le timbre de la voix et le rythme du souffle sont autant d’indices sonores. D’autres sont visuels : l'expression du visage, les mouvements de succion, les grimaces, les sourires, les gestes et la posture permettent aussi de décrypter le message.
Les expériences ont prouvé que les premiers cris sont asexués. Le seul critère auditif ne permet donc pas de reconnaître le sexe de l'enfant lors des premiers mois. Par ailleurs, les chercheurs sont parvenus à isoler plusieurs sortes de cris en fonction de la tonalité, de la fréquence (de 1000 à 4000 Hertz) et de l'intensité. Ils ont alors essayé d’établir expérimentalement ce que les parents découvrent, en général, tout à fait spontanément. Les cris expriment tour à tour des besoins, des désirs, des peurs, des douleurs et des joies.
Le cri de faim est le plus connu. Le premier son " oin ", peu aigu, dure une seconde. Il est suivi d’un " sifflet inspiratoire " - très bref et plus aigu – et reprend après un instant de repos. Il peut déclencher une montée de lait chez la mère qui allaite.
Le cri de rage est la version amplifiée du précédent : sa tonalité est plus aiguë, l’intensité plus forte et l’enchaînement des cycles plus rapide.
Le cri de douleur, qui provoque l’arrivée immédiate des parents, est également caractéristique. Il débute par un cri de plus de 4 secondes suivi d’un arrêt complet de 7 secondes en expiration. Les cris reprennent ensuite, une courte inspiration précédant juste le hurlement.
Le cri de douleur aiguë est intense, strident, perçant et proportionnel à l'intensité de la douleur.
Le cri de douleur continue est monotone et grave.
Le cri de frustration est du même type que le précédent. Il commence par un cri et se termine en longue pause respiratoire. Il peut, quelques mois plus tard, se transformer en l’impressionnant spasme du sanglot.
Le cri d'endormissement postprandial (qui intervient après les repas) ressemble au cri de la faim.
Le cri de plaisir est plus personnel. De tonalité et d’intensité variables, il est propre à chaque enfant.
Vers l’âge de 2 mois, le long gémissement lancinant est, en dehors des états de maladie, un appel véritable. A ce stade, le réflexe s’est transformé en comportement intentionnel. Le bébé a enregistré les réponses de ses proches à ses cris et il commence à en nuancer l’expression.