L'enquête sur la maturité scolaire des enfants montréalais montre que 35 % des tout-petits risquent d'avoir un cheminement scolaire difficile.
Un enfant montréalais sur trois n'a pas la préparation nécessaire pour faire son entrée à l'école. La situation est comparable à Toronto et meilleure qu'à Vancouver, selon une vaste enquête menée par la Direction de santé publique de l'Agence de la santé et des services sociaux de Montréal.
Ils ont été jugés « vulnérables » dans un ou plusieurs aspects de leur développement au moment de leur entrée à l'école. Plus de 10 000 enfants montréalais ont été rejoints pour les besoins de cette étude. Pour la première fois, on dispose ainsi de chiffres précis sur le niveau de développement des enfants au moment critique de leur entrée à l'école - des chiffres qui permettront de mieux cibler les interventions précoces visant à favoriser la réussite scolaire.
« Il nous faut comprendre pourquoi nous sommes plus faibles dans certains secteurs », dit David Levine, président-directeur général de l'ASSSM. « Est-ce que c'est la question des immigrants, de la langue? En matière de petite enfance et de santé publique, le Québec a des programmes plus développés qu'ailleurs au pays. Il faut donc nous questionner à savoir pourquoi ces taux ne sont pas meilleurs. »
Avec son service de garde universel et ses mesures d'appuis financiers aux parents, les politiques familiales québécoises font l'envie des autres provinces. Pourtant, note Nathalie Goulet, auteure de l'étude, « on sait qu'on rejoint moins les familles vulnérables, alors que ce sont elles qui bénéficient le plus des interventions préscolaires. Il reste du travail à faire au niveau de l'accessibilité. Il manque de places en garderies subventionnées et dans les prématernelles. »
Les prématernelles (aussi appelées maternelles 4 ans) ont justement été mises en place il y a 10 ans pour venir en aide aux enfants défavorisés. Or, le rapport souligne que parmi les 60 écoles très défavorisées de l'île de Montréal, 16 n'offrent pas la maternelle 4 ans.
L'urgence d'agir est d'autant plus grande que de nombreuses études ont montré l'importance cruciale de soutenir le développement des enfants dès leurs premières années de vie. « Si on veut créer une vague de réussite scolaire, il faut intervenir de manière puissante auprès des 4-5 ans. On ne laisse pas un enfant grandir avec des problèmes », dit Égide Royer, professeur à l'Université Laval et expert en la matière.
Un enfant vulnérable est celui dont le niveau de développement se situe en dessous de son âge. C'est aussi celui qui profitera moins des apprentissages scolaires et qui est le plus susceptible d'éprouver des difficultés d'adaptation sociale et scolaire.
Source : La Presse, 29 février 2008