Le nouveau-né n'est ni un petit bout de chair ni un adulte en miniature, c'est un être humain nouveau-né... Les communications préverbales sont restées méconnues pendant longtemps alors qu'elles sont la condition indispensable à toute forme d'apprentissage de l'enfant.
C'est à partir de petits gestes quotidiens que le bébé se crée une image de la réalité et structure ses expériences : la façon dont sa mère le tient dans ses bras, le change, le lave, lui donne le sein ou le biberon.
Une mère a mille manières de rassurer son enfant qui pleure, mais elles proviennent toutes du même élan vital que l'enfant perçoit en tant que tel. Il est vite capable d'établir un lien entre ces différentes expressions sensorielles, ce qui lui permet de se créer l'image d'une mère rassurante.
Pendant les deux premiers mois, la mère adopte des comportements différents en réponse aux comportements de l'enfant : ces attitudes recevront à leur tour en réponse des comportements nouveaux de la part de l’enfant. La répétition de ces actions permet au nourrisson de se former des schémas de relation avec l'autre et d’avoir tel comportement pour obtenir telle réponse.
Ainsi s'établit entre la mère et l'enfant une communication préverbale dont la charge affective favorise l'apprentissage de l'enfant. Durant cette période, l'esprit du nouveau-né est capable de recueillir et d'intégrer des données différentes et de percevoir les caractéristiques temporelles d'un événement ; il est capable de reconnaître les états affectifs (colère, bonheur, tristesse) de sa mère comme de son père.
Une reconnaissance au-delà du biologique
Si on ne peut nier qu'il se passe quelque chose de tout à fait spécifique entre la mère et son enfant au moment de la grossesse et de l'accouchement, on ne doit pas en conclure pour autant que l'attachement ne peut se faire que vis-à-vis de la mère biologique. Les chercheurs du Laboratoire de Psychologie de l'Enfant (Paris X-Nanterre) ont montré que les nourrissons élevés dans des familles où le père participe autant ou plus que la mère aux soins précoces manifestent les signes d'un attachement au père comparable à celui qui se produit d'ordinaire avec la mère. Ceci peut être d'ailleurs élargi à toute personne qui procure à l'enfant les soins attentifs et affectueux qu'il réclame.
L'enfant est donc équipé, programmé dès sa naissance pour l'échange avec autrui à condition que l'adulte qui lui fait face soit réceptif aux signaux qu’il émet et qu'il y réponde efficacement. De manière générale, les adultes ont inconsciemment tendance à utiliser le code de communication le mieux adapté au nourrisson : les mimiques sont accentuées et reflètent celles de l'enfant, la voix monte, les yeux soutiennent le regard, etc.