Avant l'apparition du vrai langage qui n'intervient qu'à partir du huitième mois, l'enfant s'essaie à différentes vocalises. Alors que les babillages succèdent aux gazouillis, bébé est bientôt sur le point d'acquérir les premières bribes de langage.
Qualifié de "langage secret" par le psychologue David Lewis, le langage des bébés est un véritable répertoire d'attitudes et d'expressions que la mère doit apprendre à décoder. Ce langage silencieux s'adresse aux yeux et non pas aux oreilles. La communication non-verbale de l'enfant est si complète et si raffinée qu'elle peut exprimer les moindres nuances de sentiments. Pour que ces interactions s'installent selon un mode harmonieux, correspondant aux demandes réelles du bébé, il faut que les parents les perçoivent et y répondent de façon appropriée : c'est ce que Julien Cohen-Solal appelle la "concordance".
La relation privilégiée de la mère et son enfant
Dans le catalogue des capacités de communication du nouveau-né, il ne faut pas oublier l’empathie, phénomène qui n’est pas sans rappeler la fameuse "télépathie". Chez la mère, l’empathie ("ressentir avec") est la faculté de s’identifier à son enfant et de comprendre "du dedans" ses besoins et ses sentiments. Cette espèce de régression temporelle met le bébé et l’adulte au même niveau émotionnel.
A l’inverse, le nouveau-né est extrêmement sensible à tous les signaux corporels du parent (intonation de la voix, mimique, tension musculaire etc). Le bébé perçoit parfaitement l’état affectif de son entourage et les tensions qu’il ressent peuvent le perturber profondément.
Petit ABC du "parler bébé"
A 2 mois, le bébé gazouille de plaisir si on lui parle. Il sourit à quiconque s'occupe de lui, même s'il s'agit d'un masque. Ses mains s'ouvrent, le regard, les gazouillis, le sourire se dirigent de plus en plus vers autrui et deviennent dialogue. L'enfant sait déchiffrer les mimiques de sa mère qui, en communiquant avec lui, l'aide à se découvrir.
A 10 semaines, il suit des yeux les personnes qui bougent autour de lui. A partir de 12 semaines (3 mois), il n'admet plus d'être seul dans sa chambre et préfère se trouver là où il y a de la vie : la cuisine, le salon etc. Il porte un grand intérêt aux jouets colorés. Il détourne la tête en voyant apparaître le compte-gouttes de sérum physiologique destiné à lui nettoyer les narines...
A 16 semaines, il ouvre la bouche à la vue du biberon ou du sein. A 20 semaines, il sourit à son image dans un miroir et, s'il lâche l'objet avec lequel il jouait, il le cherche du regard. A 24 semaines, couché sur le dos, il tend les bras à sa mère quand il comprend qu'elle va le faire asseoir. Il essaie d'attraper l'objet qu'il a fait tomber.
Vers 5 mois, il imite l'adulte qui lui tire la langue. Vers 6 mois, il reconnaît à la vue les aliments qu'il aime et ceux qu'il trouve peu appétissants... Il essaie d'attirer l'attention des adultes en toussotant ou en faisant du bruit. Il aime jouer à cache-cache en mettant une serviette sur sa tête ou sur celle de sa mère. Il répond à l'appel de son nom. Devant un miroir, il tente de toucher son image.
Entre 7 et 9 mois, l'enfant découvre qu'il a un esprit et que les autres en ont un aussi. Il constate que les pensées peuvent être partagées. A 32 semaines, il repousse la main de sa mère qui essaie de lui laver les oreilles ou le nez. A 40 semaines, il tape dans ses mains, fait "bravo" et "au-revoir", envoie un baiser, pointe l'index, fait "merci". S'il a constaté qu'une de ses actions faisait rire, il la répète spontanément. Il aime jeter les objets par terre pour qu'on les lui ramasse. Il facilite son habillement en levant un bras ou un pied. En étudiant son pouvoir de concentration lors de ses jeux, on pourrait avoir une idée de son intelligence future (Illingworth).
A 11 mois, il présente un jouet à sa mère mais refuse de le lui laisser. Il comprend les mots : "pieds", "chaussures", "chaussettes", etc. A 11 mois, il rit si sa mère fait des grimaces ou place des objets insolites sur sa tête. Il peut prononcer 3 ou 4 mots mais en comprend déjà beaucoup plus.
A 12 mois, il essaie de faire le tour du miroir pour voir derrière l'enfant qui se cache derrière. Ce n'est que vers 18 mois qu'il réalise que c'est sa propre image. A cette date, il se reconnaît sur une photographie.